FAQ
FAQ
C'est quoi un moine ?
Les fleurs des champs, ça ne sert à rien, mais si elles manquaient, il faudrait les inventer.
Qui a inventé les moines ?
Vers l'an 270, en Égypte, un jeune homme nommé Antoine entre dans une église et entend proclamer l'Évangile : "Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel, puis viens, suis-moi." (Mt 19, 21)
Prenant pour lui cet appel, Antoine distribue aussitôt l'héritage de ses parents et s'en va au désert...
À l'origine, il y a donc un appel... et une réponse. Chaque moine, un jour, a osé refaire le geste de saint Antoine. Il croit que la parole de Jésus-Christ s'adresse à lui, aujourd'hui et peut donner la force de tout quitter pour le suivre.
Le moine est avant tout un homme qui veut prendre au sérieux son baptême avec l'élan des premiers chrétiens qui "se montraient assidus l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières" (Ac 2,42). Par son célibat, il fait le choix de l'amour du Christ et s'engage à le chercher toute sa vie dans une communauté de frères. Le moine est en chemin. Il porte en lui un grand désir de la vie éternelle qui donne sens à toute vie.
Saint Benoît (480-547) héritier d'Antoine, de Pacôme et des premières générations de moines, a organisé la vie monastique comme une "école" où l'on apprend à chercher Dieu pour le louer et le servir.
Les moines de Tamié suivent encore cette Règle selon le souffle nouveau que lui ont donné les moines de Cîteaux au XIIe siècle, la Réforme trappiste au XVIIe siècle et le Concile Vatican II.
« Les Frères supporteront avec une très grande patience les faiblesses des autres, celles du corps et celles du caractère. Ils s’obéiront mutuellement de tout leur coeur. Aucun moine ne cherchera son avantage à lui, mais celui des autres.
Ils s’aimeront chastement les uns les autres en charité de fraternité.
Ils aimeront Dieu d’un amour plein de respect.
Ils auront pour leur abbé un amour humble et sincère.
Ils ne préféreront absolument rien au Christ.
(Règle de saint Benoît, 72, 5-11)
« Tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13, 35)
Une communauté monastique n’est pas composée d’hommes qui se seraient choisis par affinité, mais elle est un don de Dieu. Ce don est à accueillir chaque jour.
La vie fraternelle est le lieu où se manifestent les qualités et les faiblesses de chacun, les frères y sont provoqués sans cesse à la conversion, au pardon, à la miséricorde.
La fraternité ainsi vécue rend possible l’accueil des différences, la découverte des autres, de soi-même et surtout de Dieu.
Qu’est-ce qui est le plus difficile ?
Je crois que c’est la vie communautaire. Non qu’elle me soi pénible. Au contraire, je la ressens comme très bienfaisante par l’entraide et l’élan que je reçois. Par exemple, je serais bien incapable, tout seul, de me lever chaque nuit pour prier !
La difficulté c’est de vivre vraiment ensemble selon l’Évangile. Devenir frère, c’est le labeur de toute une vie. Mais que c’est bon d’arriver à se dire les uns aux autres : « ‘Tu sais, tu comptes pour moi ! » F. D.
Pourquoi pas le mariage ?
Choisir la vie monastique, le mariage ou d'autres formes de vie, c'est répondre librement à un appel de Dieu différent pour chacun. Le célibat "pour le Royaume" signifie que Dieu peut combler toute une vie.
Il existe une ressemblance entre cette vocation et celle du mariage : chasteté dans le respect de son corps et des autres, fidélité à celui envers qui on s'est engagé, enrichissement des différences... Il existe aussi une complémentarité : les couples donnent la vie en ce monde ; le célibat des moines annonce la vie du monde à venir où Dieu sera tout en tous pour l'éternité. Et puis, n'oublions pas que c'est grâce aux couples qu'il y a des moines dans les monastères, non ?
Frère N.
Écoute, mon fils, l’enseignement du maître, ouvre l’oreille de ton coeur !
Accepte volontiers les conseils d’un père qui t’aime et fais vraiment tout ce qu’il dit. En travaillant ainsi à obéir, tu reviendras vers Dieu. En effet, en refusant d’obéir, par manque de courage, tu étais parti loin de lui. Maintenant, c’est donc à toi que je parle... » (Prologue)
Le mot « Règle » aujourd’hui fait plutôt penser à des restrictions et des mesures tatillonnes. Mais la Règle de saint Benoît n’est pas un règlement. Elle n’impose pas, elle indique un chemin. Elle est comme une rive qui canalise les eaux et les protège des débordements intempestifs. La Règle de saint Benoît est lue et commentée chaque jour par le père abbé. Par son enseignement et son exemple, celui-ci encourage chacun de ses frères à donner sa vie à la suite du Christ.
Père Abbé, quel est ton rôle ?
Les frères attendent de l'abbé qu'il soit au milieu d'eux
- un disciple à l'écoute du seul Maître et dont l'exemple invite à vivre selon l'Évangile ;
- un guide qui balise le chemin de la vie monastique en redisant avec les mots d'aujourd'hui la sagesse d'une longue tradition ;
- un guetteur attentif aux appels de l'Esprit à travers la parole de ses frères et les aspirations de notre monde ;
- un serviteur toujours disponible qui sache obéir à ses frères pour que ses frères lui obéissent,
- un père qui fait confiance et aide chacun à découvrir ses propres dons pour les mettre au service des autres ;
- un ami au coeur libre et compatissant qui sait écouter avec patience et porter en silence les souffrances secrètes ;
- et enfin un priant comme Jésus sur la montagne apprenant à dire "notre Père" et intercédant pour tous.
Père Victor, abbé
L’abbé sait qu’il doit être serviteur plutôt que maître. Il faut donc qu’il connaisse très bien la loi de Dieu, pour savoir et pour trouver dans son coeur où puiser les paroles nouvelles et anciennes. L’abbé doit mener une vie pure, être sobre, miséricordieux. Il déteste les vices, mais il aime les frères.
(Règle de saint Benoît, 64, 8-11. 15)
"Quand le moine aime de cette façon, tout ce qu'il faisait avant avec une certaine crainte, il commence à le pratiquer, sans aucune peine, comme si c'était naturel et par habitude. Il n'agit plus parce qu'il a peur de souffrir loin de Dieu pour toujours. Mais il agit parce qu'il aime le Christ, qu'il a pris de bonnes habitudes et qu'il goûte la douceur de faire le bien."
(Règle de saint Benoît 7, 68-69)
Est-ce que les moines font la fête ?
Les moines font la fête quand ça leur chante, mais ce n’est pas tous les jours parce que, vous savez, ils connaissent comme chacun les longueurs du temps et ses épreuves... Les occasions de faire la fête sont d’abord les grandes fêtes chrétiennes : Noël, Pâques, Assomption... c’est le coeur de leur vie, ces fêtes-là. Ils s’y préparent longtemps à l’avance, ils y croient. Mais il y a aussi les événements plus personnels, inattendus ou espérés : l’engagement définitif d’un frère, un anniversaire marquant ! Et puis tout redevient silence, mais comme un bonheur que l’on savoure en secret, longtemps...
F. Ph.
Vous ne parlez donc jamais ?
La parole a sa place au monastère : sa juste place. Tout d'abord, je chante sept fois par jour à l'église avec mes frères. C'est là ma façon de parler à Dieu. Aucun chanteur professionnel ne retrouve son public aussi souvent dans la journée. Ensuite, je participe, deux fois par semaine, à des rencontres communautaires : entraide fraternelle et partage d'Évangile. C'est l'occasion pour moi de dire mes joies, mes difficultés et mes découvertes. Enfin, je m'entretiens régulièrement avec mon père spirituel dont la porte est toujours ouverte. Je peux tout lui dire : il m'écoute et il m'encourage. J'ajoute que certains frères sont appelés à parler plus que moi. C'est le cas des frères chargés de l'accueil : portier, hôtelier ; les frères chargés de l'économie : cellérier, responsable du travail ; les frères à qui est confié un service d'enseignement en communauté : père abbé, maître des novices... Frère H.
Regardez-vous la télévision ?
Non, et elle ne me manque pas. La télévision est une technique moderne d'une grande valeur. Bien utilisée, elle est un excellent moyen d'information et de culture. Mais au monastère, nous préférons les livres, les journaux, les revues. C'est plus silencieux et personnel. Ce ne sont pas les détails d'un événement spectaculaire qui m'importent le plus, mais, au jour le jour, la tragédie ou le bonheur des hommes et des femmes de ce temps. Dieu m'appelle à les rendre présents dans ma prière et celle de la communauté. La prière est mon écran de télévision par lequel je rejoins le monde entier.
Frère J.-B.
Pourquoi avoir choisi cette Abbaye ?
Je n'ai pas tellement l'impression d'avoir choisi Tamié, c'est plus le Seigneur qui m'a voulu là. En effet, dès mes premiers jours à l'abbaye, j'avais un tel sentiment d'être chez moi, qu'en fin de compte, il n'y avait pas de choix à faire. Quand quelqu'un trouve sa place dans cette vie, il le sait de l'intérieur.
Frère C.
Par les voeux, à quoi s'engage le moine ?
Le jour de sa profession solennelle, le moine prononce librement et publiquement des voeux qui expriment le don qu'il fait de lui-même au Christ Jésus : voeux de stabilité, de conversion de vie et d'obéissance. Désormais, il fait intégralement partie de la communauté qu'il a choisie.
Il faut combien d'années pour être moine ?
C’est toute la vie qu'on apprend à devenir moine. Il est vrai qu'il faut une initiation qui comprend quelques mois de postulat, deux ans de noviciat, au début duquel on reçoit l'habit, et encore au moins trois ans d'engagement temporaire avant de faire sa "profession solennelle".
Les moines sont-ils prêtres ?
À chaque frère est donné du temps pour faire des études : théologie, philosophie, spiritualité... Mais c'est en fonction des besoins de la communauté et de la vocation personnelle d'un frère, que le père abbé demande à l'évêque du diocèse de lui conférer l'ordination.
On dit que le temps c’est de l’argent... Au monastère, le temps c’est d’abord de l’amour. Voilà pourquoi, sept fois par jour les frères se rassemblent à l’église pour donner du temps à Dieu, gratuitement.
"Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange !"
Ces offices qui rythment la journée ravivent sans cesse le souvenir de Dieu. Ils nous donnent l'occasion de lui exprimer en retour l'amour dont il nous comble et d'intercéder pour le monde entier.
Chanter sa vie, vivre son chant : voilà ce que nous apprend la prière des psaumes. Ces poèmes de la Bible, le moine les reçoit d'abord comme la prière du Christ et de Marie, sa mère. Il la fait sienne, aussi, au coeur de l'Église, parce qu'elle est chargée de tous les cris de joie et de détresse d'une humanité en travail d'enfantement.
Chaque matin, la communauté se rassemble pour l'eucharistie - la messe. C'est, en quelque sorte, le sommet de la journée.
Tous réunis, nous écoutons la Parole de Dieu et surtout l'Évangile de Jésus. Avec le pain et le vin, nous offrons à Dieu notre vie et notre prière pour tous nos frères connus ou inconnus. En recevant à la même table le Corps et le Sang du Seigneur ressuscité, nous sommes déjà unis en un seul corps avec tous les croyants, en une seule Église qui attend de vivre pour toujours avec Dieu ce qu'elle reçoit à ce moment-là dans la foi.
Frère F.
Le moine lit pour apprendre à aimer. Il cherche donc, à travers ses lectures, à connaître Dieu qui est Amour. Sa lecture est ardente, mais patiente. Elle devient méditation, puis silence. Elle s'achève en prière.
Et la prière portera son fruit : l'Amour. La Bible est le livre le plus aimé du moine, car il y rencontre le Christ Jésus qui nous parle de Dieu son Père, par son Esprit Saint. Tel est le mystère de la "lectio divina"...
Quelle est la place de la Vierge Marie dans votre vie de moine ?
Vus des sommets voisins, les environs de Tamié sont étoilés de petits oratoires dédiés à Marie : ils indiquent aux carrefours la voie vers la maison de Dieu, vers Dieu.
Marie est surtout celle que nos frères d'Orient nomment la puissante Théotokos : Mère de Dieu. Celle par qui Dieu s'est "humanisé", celle par qui l'homme est "divinisé".
Pour se faire connaître, le Seigneur a choisi de devenir l'un de nous. C'est le mystère de Noël : les bergers et les mages découvrent l'enfant avec Marie sa mère.
Était-il nécessaire de préciser que l’enfant était avec sa mère ? Il ne pouvait guère en être autrement : il était si petit. Pourtant cette précision n’est pas tout à fait superflue, c’est bien Marie qui nous présente Jésus, qui nous le fait découvrir.
Lorsque sur la croix, Jésus, voyant le disciple qu’il aimait, dit à Marie : « Femme, voici ton fils », c’est nous aussi qu’il confie à sa mère ; et quand il dit au disciple : « Voici ta mère », c’est à nous aussi qu’il confie Marie. Ainsi Marie est-elle partout présente dans notre vie, et avant tout dans notre coeur.
Frère A.
« Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus », avertit saint Paulo. Le travail du moine est donc, avant tout, obéissance aux réalités du corps tel que Dieu l’a créé. La santé de l’esprit s’entretient également par le travail : « l’oisiveté est l’ennemis de l’âme. » (Règle de saint Benoît, 48, 1)
Le travail monastique s'effectue en silence, il est vécu comme un service et non comme une carrière professionnelle. Les moines ne perçoivent pas de rémunération individuelle. Le travail possède aussi une dimension intérieure, cachée, spécifiquement chrétienne. Il est participation à l'oeuvre créatrice de Dieu et aux souffrances du Christ Sauveur ; il est l'occasion de faire des choses ordinaires avec l'amour extraordinaire de Dieu. Le travail du moine, c'est la banalité du quotidien transfigurée en prière des mains par la grâce du Saint-Esprit.
Quel genre de travail font les moines ?
Tamié, c'est une communauté d'hommes, des bâtiments et un environnement qui, chacun à sa façon, parlent de Dieu et auxquels il faut tous les jours donner vie et de quoi vivre. Ce qui n'est pas une mince affaire ! Aussi tous les frères y sont-ils impliqués à des titres divers.
Les uns s'occupent davantage des services domestiques, absolument nécessaires à la vie quotidienne de la communauté : la cuisine, le réfectoire, la buanderie, l'entretien des bâtiments et des abords du monastère. D'autres s'occupent à des travaux intellectuels ou artistiques, à la bibliothèque ou en ateliers. Il y a ceux qui sont plus particulièrement au service de la liturgie. Mais il faut aussi fournir à la communauté de quoi vivre pour payer les factures d'alimentation, de chauffage et d'électricité, les impôts et les cotisations sociales...
C'est la fromagerie et le magasin qui fournissent à la communauté l'essentiel de ses ressources. La plupart des frères participent régulièrement à l'une ou l'autre de ces activités : ramassage du lait, fabrication du fromage, emballage, livraisons, ventes, sans oublier tous les services administratifs et d'entretien liés à ces activités.
Frère P.
La solitude et le silence du moine ne sont pas un repli sur soi. Au contraire, ils sont une ouverture plus profonde encore à Dieu et aux hommes. C'est pourquoi la fleur de la solitude et du silence est l'hospitalité : "Tous les hôtes qui arriveront seront reçus comme le Christ". (Règle de saint Benoît 53, 1)
La qualité de l'accueil vérifie la qualité de la prière. L'écoute de l'hôte enrichit le coeur du moine. La porte, ouverte à toute personne, est occasion de partager avec joie. "On reçoit les pauvres et les étrangers avec le plus grand soin et la plus grande attention. En effet, c'est surtout à travers eux qu'on reçoit le Christ". (Règle de saint Benoît 53,15)
Qui accueillez-vous ?
Le stress dans la vie actuelle pousse de plus en plus de monde à venir "respirer" près du monastère pour quelques jours ou quelque heures... Retraitants, jeunes en camp-prière, familles et amis, personnes en recherche ou en difficulté désirant un dialogue, routards solitaires aussi...
Mais notre accueil demeure limité pour ne pas déséquilibrer notre vie contemplative et pour une réelle qualité de silence et d'amitié... Nous devons sauvegarder - pour l'offrir généreusement - ce climat de recueillement et de beauté... Alors il suffit d'un regard, d'un mot, d'une fleur... pour une vraie réconciliation, pour un nouveau départ...
Frère D.
Depuis quand existe le monastère ?
C’est en 1132 que la famille de Chevron céda les terres sur lesquelles furent élevés les premiers bâtiments du monastère. Les premiers moines y arrivèrent en février 1133. Des incendies, les dégradations du temps obligèrent à les abandonner pour construire l’abbaye que l’on voit aujourd’hui à partir de 1679.
Qui fut le fondateur de l'abbaye ?
Le fondateur de l'abbaye est saint Pierre de Tarentaise. Il est né en 1102 non loin du monastère de Bonnevaux, près de Vienne en Dauphiné. C'est là qu'à vingt ans il prit l'habit et reçut sa formation monastique. C'est de là qu'il fut envoyé, en février 1133, à la tête de quelques frères, pour établir une nouvelle communauté dans le vallon de Tamié. Il fut donc en ce lieu moine pendant huit ans et premier abbé. Mais sa charité envers les pauvres le fit tant aimer que le peuple et le clergé de Tarentaise le réclamèrent comme archevêque. Ainsi dut-il se résoudre à quitter le monastère en 1141 pour servir Dieu et les hommes au grand jour. Son oeuvre de réconciliation, de réforme et de partage déborda largement le cadre de son diocèse et lui valut d'être rapidement reconnu saint par l'Église. Il mourut en 1174 et canonisé(= reconnu saint) en 1191. Il fit de nombreux miracles pendant sa vie et après sa mort.
Pourquoi dit-on que vous êtes « cisterciens » ?
Saint Pierre de Tarentaise était cistercien parce qu’il appartenait à l’Ordre issu de l’abbaye de Cîteaux, fondée près de Dijon, en 1098. Ces moines qui suivaient la Règle de saint Benoît désiraient en retrouver l’inspiration originelle : une vie simple et dépouillée, proche de l’Évangile, à l’image des premières générations de moines chrétiens.
Les trois fondateurs de cette famille monastique cistercienne sont les saints Robert, Albéric et Étienne. Mais c’est surtout saint Bernard (1090-1153) fondateur de l’abbaye de Clairvaux près de Troyes, qui assura le rayonnement de l’Ordre dans toute l’Europe du XII° siècle. L’abbaye de Tamié tire donc son origine et vit encore aujourd’hui de cette spiritualité cistercienne.
Pourquoi dit-on aussi que vous êtes « trappistes » ?
Au XVII° siècle fut entreprise une nouvelle réforme de la vie monastique à l’abbaye cistercienne de La Trappe en Normandie, par l’abbé de Rancé. Tamié en pleine décadence a adoptée cette réforme. Au moment de la Révolution française un groupe de moines de La Trappe se réfugièrent en Suisse en 1792 et après bien des péripéties revinrent en France et refondèrent de nouvelles maisons ou en accueillirent d’autres comme Tamié. C’est l’origine de l’Ordre Cistercien de la Stricte Observance (OCSO)
Y a-t-il toujours eu des moines à Tamié depuis 1133 ?
Non. La communauté dut quitter le monastère à deux reprises. L'invasion de la Savoie par l'armée française le 22 septembre 1792 et la confiscation des biens du clergé le 26 octobre de cette même année obligèrent les frères à quitter Tamié une première fois. L'abbaye demeura alors sans moines durant près de soixante-dix ans. La seconde absence fut beaucoup plus courte. Expulsés le 6 novembre 1880 en application des décrets signés l'année précédente par le Président Jules Grévy, les moines reprirent discrètement la vie régulière à Tamié quelques mois plus tard.
Aujourd'hui, combien y a-t-il de moines cisterciens dans le monde ?
L'Ordre dès ses origines, était européen. Il est aujourd'hui présent sur les cinq continents. Actuellement, on compte environ 2400 moines et 1850 moniales répartis en 170 monastères. En France, il y a 15 monastères de moines et 14 de moniales.
Comment vivez-vous à l'ère du tourisme ?
Le tourisme a pris son essor dans la région à partir des années 1970. L'abbaye de Tamié a donc connu depuis lors un afflux considérable de visiteurs.
Ce nouveau défi a été relevé, avec le concours de nombreux amis, par la construction, à 300 mètres du monastères, du Centre d'Accueil Saint-Pierre de Tarentaise et par le réaménagement des structures de l'hospitalité proprement monastique. Ainsi, comme au temps du fondateur, les valeurs d'accueil et de silence continuent de se féconder l'une l'autre pour le bien de tous.