Sainte Famille
Terre cuite de Fr/ Antoine Gélineau - © Abbaye de Tamié
Fête de la Sainte famille de Bethléem
1ère lecture : « Samuel demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa vie » (1 S 1, 20-22.24-28) Psaume : Ps 83 (84) R/ Heureux les habitants de ta maison, Seigneur ! De quel amour sont aimées tes demeures, Heureux les habitants de ta maison : Seigneur, Dieu de l’univers, entends ma prière ; 2ème lecture : « Nous sommes appelés enfants de Dieu - et nous le sommes » (1 Jn 3, 1-2.21-24) Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous avons de l’assurance devant Dieu. Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. « Les parents de Jésus le trouvèrent au milieu des docteurs de la Loi »(Lc 2, 41-52) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions, et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses. Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. © AELF - Paris 2013 Homélie Une idée : Ne pas confondre « la sainte famille » avec « le » modèle sociologique d’une famille idéale. Les deux synodes successifs sur la famille ont montré l’impossibilité de proposer un modèle de famille idéal. Le mot lui-même « famille » a mis du temps pour s’imposer aux autres termes usités en ancien français : « parenté », « lignée », « maison »… Avant le XVI° s le mot « famille » désigne les personnes vivants sous le même toit et souvent les seuls domestiques (famulus= serviteur). Ce n’est que récemment que le mot évoque à la fois la parenté et la même résidence, la même adresse. Plus récemment encore la loi française reconnaît plusieurs façons nouvelles de vivre ensemble plus ou moins longtemps. Sans parler des façons de vivre « en famille »sur d’autres continents. Une image : celle de la « Sainte famille » proposée par l’Eglise : la triade : Jésus, Marie et Joseph. Noter qu’on trouve des peintures célèbres avec Elizabeth et St Jean Baptiste et sans Joseph (tableau de Raphael intitulé « Sainte famille de François Ier » au Louvre) ou la Sainte Famille, sans Joseph, mais avec sainte Anne , symbole des trois générations de Léonard de Vinci, également au Louvre. La sainteté de cette Famille n’est pas un exemple sociologique ni un exemple proposé par l’Église (une fiancée enceinte avant le mariage, un mariage « blanc », un seul enfant !). Ce qui fait la sainteté de cette famille c’est, dans la foi, la relation personnelle de chacune des personnes avec le Ciel, avec le divin exprimée par le rôle des anges qui interviennent séparément pour Marie, Joseph et Jésus. Ces interventions divines inspirent un très grand respect de chacun pour le mystère qui habite l’autre. L’évangile de ce jour en est un exemple. La sainteté s’accommode des limites humaines ! Elle se concrétise par l’acceptation de ne pas tout comprendre, par une confiance et une obéissance réciproque entre les personnes. La Sainte Famille illustre ainsi une façon nouvelle de nous aimer les uns les autres. Un sentiment : celui d’un inachèvement. Nous oublions souvent que la création est en devenir, saint Paul la compare à un accouchement. Le modèle familial encore inexistant est en avant de nous comme l’est ce que la liturgie appelle « le salut du monde », c’est-à-dire la création achevée, la volonté du Créateur réussie. Nous sommes créés pour être heureux. Pas encore sur terre mais c’est notre vocation. Ce que Jésus nous demande c’est d’apprendre à vivre en frères donc de reconnaître que nous avons un Père commun qui nous invite à partager,, dès maintenant, sa vie divine avec le Fils et dans l’Esprit. C’est ce que Jésus est venu nous révéler en venant sur terre vivre divinement notre condition humaine et en nous donnant son Esprit pour que nous devenions capables nous aussi de vivre cette fraternité impossible sans son secours. La mondialisation nous rapproche les uns des autres mais ne fait pas de nous des frères et des sœurs. Nous sommes nés, il nous faut renaître, comme Nicodème, en faisant confiance à ce que nous dit Jésus : « Qui est ma mère, mon frère, ma sœur ? Autrement dit : « ma famille » ? « c’est vous qui écoutez ma parole et qui la mettez en pratique ». Une anecdote pour terminer. Un couple fête ses 50 ans de mariage. Une des petites filles dit à ses grands parents : « Je ne trouverai jamais quelqu’un qui veuille vivre 50 ans avec moi ». Réponse du grand père : « Ça ne se trouve pas, ça se fabrique, au jour le jour ! ». Voulons-nous participer à la fabrication de la nouvelle et sainte famille proposée par Jésus ? |