Solennité de Pâques
Solennité de Pâques
Je cherchez pas parmi les morts celui qui est vivant! Veillée pascale « Ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus » (Rm 6, 3b-11) Psaume : 117 (118) La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs « Jésus de Nazareth, le Crucifié, est ressuscité » (Mc 16, 1-7) Homélie Donner la mort - donner la vie. Donner la mort. C'est le cas du jeune homme, pilote d'avion qui, déprimé (à ce que l'on sait aujourd'hui), conçoit l'atroce dessein de se donner la mort et d'entraîner dans son gouffre les 149 autres personnes de son avion qui, elles, ont envie de vivre... Donner la vie. Un autre cas de figure : celui de Jésus qui, lui, accepte librement de donner sa propre vie... Oui, de la perdre, pour sauver celle des autres... Je ne sais pas si ce rapprochement a pu vous venir à l'esprit en cette fête de Pâques... quant à moi, cela a traversé ma pensée. Il est vrai qu'il y a une disproportion certaine en ce que j'affirme là ; je suis d'accord avec vous : ces deux évènements ne sont pas du même ordre. Mais de toute façon, impossible de le nier, nous en prenons une conscience encore plus aiguë : chacun de nous ne vit pas uniquement pour soi-même (Saint Paul, dans sa lettre aux Romains, nous le rappelle clairement) : nos gestes, nos choix ont nécessairement un impact sur la vie des autres. Et tandis que les gestes de mort, bien que terribles, se situent, tous, dans une triste logique de « déjà vu », la Résurrection de Jésus est un évènement radicalement nouveau, unique et inouï ! C'est pour cela qu'elle retient notre attention, au point que nous choisissons de la célébrer de manière particulièrement solennelle, comme le sommet du mystère chrétien. Jésus a été ressuscité par Dieu d'entre les morts. C'est pour cela que nous sommes ici en cette nuit, sainte entre toutes, car cet évènement a une relation étroite avec chacun de nous, avec chacune de nos vies, avec notre identité personnelle. Et c'est à une résurrection telle que la sienne que le croyant, que chacun de nous se sait appelé à la suite du Christ : c'est cela qui nous a été promis, c'est cela que nous croyons qui nous rassemble et que nous célébrons maintenant. La résurrection du Christ n'est pas la réanimation d'un cadavre, quelque chose de comparable à une prouesse de la médecine contemporaine qui transplante le coeur de quelqu'un pour permettre à une autre personne de vivre. Non. Car cela, tout en étant surprenant, n'est pas du définitif, ce n'est pas du radicalement nouveau. Ici, c'est tout à fait autre chose. Quelqu'un a pu écrire que la résurrection du Christ est, en quelque sorte, une irruption de l'humain dans le divin. Par Jésus, ressuscité en Dieu, il y a désormais de l'humain dans la vie de Dieu et cela est totalement neuf, du jamais vu, justement. Et bien, c'est cela que nous voulons célébrer, maintenant, par cette eucharistie : le mystère qui nous fait passer de la mort à la VIE.
Messe du jour de Pâques 1ère lecture : « Nous avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts » (Ac 10, 34a.37-43) Psaume : 117 (118) R/ Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! (117, 24) Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Le bras du Seigneur se lève, l La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs 2ème lecture : « Recherchez les réalités d’en haut, là où est le Christ » (Col 3, 1-4) « Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » (Jn 20, 1-9) © AELF - Pars 2013 Homélie
« Et nous, nous sommes témoins de ce qu’il [Jésus] a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. » C’est Pierre qui parle, dans le livre des Actes. Quand il affirme cela, il se trouve dans la maison du centurion Corneille. Rempli d’Esprit Saint, il n’a plus aucune peur (lui qui, pourtant, avait succombé à l’épreuve) et il est prêt à engager sa personne (il témoigne) pour affirmer que le Christ est vivant. Et voilà la question que je me pose, que je vous pose : « Sommes-nous capables, nous les chrétiens d’aujourd’hui, nous, qui sommes ici en ce moment, d’être, à notre tour, les témoins du Christ ressuscité ? Car c’est bien là l’enjeu : témoigner que le Christ est ressuscité des morts. Témoigner ça ne veut pas dire porter sur les autres un regard de suffisance. Non. Il ne suffit pas non plus de porter sur nous des petites croix en or, ou bien des habits et des signes qui nous qualifient, par exemple, comme moines ou comme prêtres. Cela est secondaire ; ça signifie plutôt que nous voulons exprimer, par notre vie, d’être ses amis et exprimer notre identité sans peur, sans fausse pudeur. Il n’est pas toujours si évident que ça, dans notre vie de tous les jours, dans nos milieux de vie, de trouver la juste manière de témoigner! N’est-ce pas ? Réfléchissons : à quoi reconnaissons-nous les disciples de Jésus ? A l’amour… au pardon, comme cette petite irakienne de 10 ans qui pardonne à ceux qui l’ont chassée de chez elle (tout en ne sachant pas pourquoi on l’a fait…). Ce qui nous conforte et qui nous secoue de notre timidité, c’est que bien de chrétiens de par le monde, aujourd’hui même, tout en étant exposés à des situations extrêmement dangereuses, le font. Et cela est très éclairant, très fortifiant pour chacun de nous, plus privilégiés. Oui, voilà, en ce jour de Pâques, une vraie question : dans notre milieu, entourés que nous sommes d’indifférence, de méfiance, voire d’hostilité, sommes-nous de ceux qui – pour ne pas avoir trop d’histoires – préfèrent ne pas s’engager sur ce terrain, ne pas trop s’embarrasser de ces débats (comme l’on dit) ; car on risquerait, nous semble- t- il, d’être repérés comme des identitaires, des ridicules militants zélés. Dans cette optique (à part qu’on fausse tout) la foi risque d’être confinée à la sphère de l’intime, barricadée à l’intérieur des cercles privés. Témoigner, cela veut dire avoir l’honnêteté et le courage de faire des choix personnels dans notre vie. Nous le savons : on ne se met vraiment pas en jeu que pour exprimer des convictions profondes ; on ne choisit pas de témoigner, de risquer sa propre vie pour des sympathies à l’eau de roses, pour de simples tendances d’opinion. Un vrai témoignage est un test de la solidité de notre foi. L’évangile nous dit bien qu’il ne faut être présomptueux. Il est vrai que la foi est avant tout un don de Dieu et nous sommes profondément étonnés de vérifier que des êtres fragiles nous donnent des exemples formidables de foi et de cohérence. D’où leur vient cette force ? L’évangile donne une réponse à cette question : le Christ nous précède dans la vie ; il est là avec nous pour nous soutenir et pour nous donner la force de témoigner de lui ! Seigneur, donne-nous de savoir témoigner de toi, Vivant, Ressuscité !
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