Toussaint
Toussaint
Fête de tous les saints 1ère lecture : La foule immense des rachetés (Ap 7, 2-4.9-14) Psaume : 23 R/ Voici le peuple immense de ceux qui t'ont cherché. Au Seigneur, le monde et sa richesse, 2ème lecture : Nous sommes enfants de Dieu et nous lui serons semblables (1 Jn 3, 1-3) Les Béatitudes (Mt 5, 1-12a) Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu Quand Jésus vit la foule, il gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait : ©AELF - Paris 1988 Introduction Bonjour à vous tous qui avez choisi de rejoindre Tamié pour célébrer avec notre communauté l'eucharistie en ce premier novembre. Homélie Je faisais allusion, au début, à notre regard, qui est aujourd'hui invité à se fixer sur des personnes, sur des mondes, des réalités qui ont bien existé mais qui sont en dehors de notre perception immédiate. Pour cela j'ai utilisé un terme particulier qui vous a peut-être échappé. J'ai parlé, dans l'introduction, de : considérer. Peut-être le savez-vous déjà, au sens propre considérer veut dire : observer (avec attention) les astres, dans leur mouvement. Sommes-nous encore capables de nous extasier devant cette magnifique harmonie ? Il est vrai qu'il faudrait avant tout préciser : pouvons-nous encore voir des étoiles ? Les étoiles, tel est le sens du mot latin sidera = étoiles. Pour considérer, au sens propre, il faut donc s'imaginer devant, en face d'une une belle nuit étoilée et regarder en haut, au-dessus de notre tête. Face à ce mouvement de lumières et de mondes que l'Apocalypse fait miroitier devant nos yeux, comment réagissons-nous ? Vous savez, le texte de l'Apocalypse de Saint Jean que nous avons entendu (et, d'ailleurs, tout ce qu'on appelle le genre apocalyptique que nous retrouvons aussi dans d'autres pages de la Bible), cette littérature nous livre des messages en général bien difficiles à déchiffrer. Comment décoder ce langage, pénétrer cet univers ? Et plus précisément, comment tirer profit de ce message de salut, car la Parole de Dieu qui nous est adressée a pour but de nous offrir un message de salut ?. II me semble, justement, qu'il faut d'abord se laisser interroger. Il faut vouloir le faire. Nous devons commencer par nous laisser porter par ces images, nous devons entrer dans ce mouvement qui nous est proposé. D'ailleurs, je me dis aussi qu'une oeuvre d'art peut nous devenir accessible, nous disons qu'elle nous parle, seulement si nous sommes ouverts au code qui lui est propre, autrement di, si nous nous efforçons d'entrer en dialogue avec elle. Ces visions éblouissantes de l'Apocalypse orientent nos regards vers un monde où les pauvres de coeur sont bienheureux, où ceux qui pleurent ne seront plus délaissés, abandonnés à eux-mêmes, mais ils seront consolés, où les persécutés pour la justice sont enfin chez eux dans le Royaume des Cieux... Ce monde, Jésus nous invite à le considérer comme possible, plus, comme réel. Sans nier que, pour y arriver, nous sommes appelés à traverser bien des obstacles ; comme nous dit l'Évangile, nous devons - préalablement - affronter l'épreuve. Ces béatitudes, sont-elles seulement un leurre, un mirage - comme quelqu'un l'a dit ? Ne serait-ce qu'une équivoque qu'on nous fait miroiter devant les yeux, qui nous est faussement proposée ? Ce serait bien tragique. Il faut préciser que Jésus demande, oui, notre foi. C'est à dire, qu'il nous invite à le suivre et non pas seulement à regarder. Et cette multitude immense que nous fêtons aujourd'hui, cette immensité d'étoiles qui sont là devant nous, ce sont bien les Saints, tous les Saints qui ont voulu croire à cette invitation, qui ont voulu prendre au sérieux la proposition de Jésus. « Les Saints sont ceux qui mettent en exécution, en musique, l'Évangile ». C'est une belle image de Saint François de Sales, qui compare l'Évangile à une partition de musique et les Saints à ceux qui la font résonner ceux qui donnent corps au texte écrit. Quant à nous, nous comprenons que, forcement, il ne s'agit pas seulement de « voir », « d'entendre », « de considérer »... Oui, il faut bien commencer par cela ; mais l'invitation de Jésus nous rejoint au coeur de notre vie. Sa proposition nous devons l'accueillir complètement : c'est un engagement à tous les niveaux qui nous est demandé, tout comme ils l'ont fait eux, cette multitude immense de témoins que nous appelons : Les Saints. Et, comme conclusion, j'emprunte la plume énergique et inspirée de saint Bernard lorsqu'il fait le commentaire d'un verset que nous avons entendu : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ». Voilà ce qu'il écrit (1): « Pour le coeur aux papilles encore insuffisantes et pour l'âme encore faible, la justice paraît une réalité dure et insipide. Mais ceux qui l'ont goûtée, [et je me permets d'ajouter, aussi, ceux qui ont expérimenté l'atrocité de l'injustice] ceux-là savent quel bonheur on trouve à avoir faim d'elle, car ils seront rassasiés. Oui, vraiment, quel bonheur, quelle gloire que cette satiété ! Ô quel saint banquet ! Quels mets désirables, là où ne pourront plus subsister aucune inquiétude ni aucun dégoût, car on y trouvera la satiété en plénitude, non moins que le désir en plénitude. (1) St Bernard. Sermon 1° pour la fête de tous les Saints 1,11
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